Monika Griefahn, Mitglied des Deutschen Bundestages a. D.

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    01.09.2007

    Intervention à l´occasion de l'Université d'été de La Rochelle du Parti Socialiste

    Atelier no. 19 : «Stratégies de conquête majoritaire chez nos camarades du PSE»


    ++ seul le texte prononcé fait foi ++

    Chers camarades,
    Chers amis,

    J'ai accepté avec grand plaisir l´invitation à assister à cette table ronde et je me réjouis de pouvoir vous saluer si nombreux. La forte participation à notre débat sur « Les Socialistes en Europe et les Elections » montre le grand intérêt que nous tous apportons à ce sujet et cela indépendamment de notre pays. Comme nous le savons, le parti socialiste français se trouve, après les élections présidentielles et législatives de cette année, dans une phase de réorientation et de restructuration. Et pour cela, j'aimerais au préalable adresser quelques paroles à mes camarades françaises et français.

    Au nom des sociaux-démocrates allemands, je vous souhaite beaucoup de succès et beaucoup de courage pour les mois à venir ! Une fois de plus, vous faites preuve d'une grande volonté de dialoguer, de discuter et d'évoluer de nouveaux concepts pour assurer l'avenir de votre parti. Je vous en félicite! Vous tous représentez un parti qui se définit par sa diversité d'opinions et par sa diversité de militants et vous devez en être fiers ! C'est un atoût ! Gardez-le et soyez -sûrs que vous pouvez toujours compter sur notre soutien !

    Le parti socialiste français est loin d'être le seul parti de gauche en Europe qui, au début du 21ème siècle, se trouve à la croisée des chemins. J'ai l'impression que nous, les socialistes et les sociaux-démocrates d'Europe, devons tous faire face à un paysage politique beaucoup plus différent à celui il y a 20 ans. Et c'est pourquoi il nous faut une réorientation de nos partis, une redéfinition de nos programmes. En octobre, le congrès de mon parti aura lieu à Hambourg. Et je vous dis que ce congrès sera décisif pour l'avenir du SPD et de sa future orientation politique, surtout dans les domaines de la politique sociale et de la politique étrangère.

    On m'avait demandé de faire un petit exposé sur la situation du SPD avant et après les élections anticipées de 2005 en Allemagne ainsi que sur la situation actuelle des sociaux-démocrates allemands dans la coalition avec les chrétiens-démocrates. Et c'est avec grand plaisir que je le fais.

    L'année 2005 était une année bouleversante pour le SPD. Et j'admets de vous dire que j'ai un peu de nostalgie du moment où la coalition entre le SPD et les Verts régnait l'Allemagne. Comme vous le savez, le chancelier de l'époque, Gerhard Schröder, a annoncé en mai 2005 des élections anticipées pour septembre 2005. La date prévue selon le calendrier législatif aurait été automne 2006. La raison principale pour cette décision était le résultat du scrutin dans le Land de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, connue comme bastion du SPD. Mais les résultats des élections dans ce Land, qui est d'ailleurs la région allemande la plus peuplée avec 18 millions d'habitants, y ont mis fin à une longue période de 39 ans de gouvernement SPD. Donc, à l'exception de trois Länder et la « ville-État » de Brème, seul le Bund - la Fédération - restait aux mains de la coalition fédérale entre le SPD et les Verts. Pour nous, c'était évident : Dans les élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, c'était clairement le gouvernement Schröder qui a été visé et pas la politique du gouvernement régional ! Il faut savoir qu'auparavant, la coalition rouge-verte avait adopté des réformes sociales connues sous le nom de « Hartz IV » et l' « Agenda 2010 ». Ces réformes ont déclenché un tollé au sein de la population allemande, suivi par de nombreuses manifestations. Mais il faut aussi dire que ces réformes étaient incontournables et inévitables afin de moderniser le système social allemand et, tout simplement, afin de le garder sous la forme connue. Gerhard Schröder a donc pris la décision d'annoncer des élections anticipées parce qu'il n'était plus sûr d'avoir la confiance ni du peuple ni de son parti. Gerhard Schröder a souvent été critiqué pour avoir opté « la fuite en avant ». Pourtant, il ne faut pas oublier qu'en annonçant des élections anticipées, Gerhard Schröder voulait créer une majorité gouvernementale stable. En même temps, c'était aussi la question de sauver l'unité du SPD comme les réformes sociales étaient également très controversées dans les rangs de notre parti. Et pour cela, il faut lui en remercier, je trouve !

    Les résultats des élections anticipées de septembre 2005 ne nous ont pas laissé le choix : Le compromis de fonder une coalition avec la CDU/CSU était la seule possibilité de créer un gouvernement fédéral qui représenterait au plus tôt la volonté des électeurs. Pour le SPD, c'était clair : La participation politique est toujours mieux que rester dans l'opposition. Donc, nous n'avons pas exclu l'éventualité de former une coalition avec la CDU/CSU.

    Laissez-moi attirer votre attention sur le fait qu'Angela Merkel et la CDU/CSU étaient données largement favorites par les instituts de sondage. Et le soir des élections, voilà que le contraire s'est produit ! Ce n'était même pas 1% qui séparait le SPD de la CDU ! Le châtiment électoral du SPD ne s'est fait pas sentir dans la mesure que la droite l'avait évoqué avant les élections. Les résultats ont même indiqué dans l'ensemble un net mouvement à gauche de la population. Plus de 50% des électeurs ont voté pour le SPD, les Verts ou le Parti de la gauche contre 45% pour la CDU/CSU et les libéraux du FDP. Jusqu'à aujourd'hui, ce mouvement à gauche persiste. Et les questions sociales, qui avaient dominé la campagne électorale de 2005, sont toujours au centre d'intérêt. Dans la Grande Coalition, elles restent les sujets les plus controversés. Le débat actuel autour de la mise en place du SMIC en est un exemple modèle !

    Personnellement, je considère la coalition avec la CDU/CSU comme un « mariage de convenance ». Même si nous sommes arrivés à faire un travail remarquable sur la base des compromis (politique familiale et l'aménagement du système de garde d'enfants), les divergences d'opinions persistent entre le SPD et la CDU/CSU dans divers domaines. C'est en particulier sur le plan social, en particulier dans le domaine des droits des employés, où se trouvent les enjeux de la coopération avec la CDU/CSU. Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore pu trouver des réponses communes à des problèmes urgents tels que la mise en place d'un salaire minimum général, la privatisation de la Deutsche Bahn ou la mise en pratique des accords du G8 sur le climat, pour vous en citer quelques uns.

    Nos critiques nous reprochent d'avoir trahi nos idéaux sociaux-démocrates et de mener une politique « socialement non équilibré ». Malheureusement, il faut le dire, on impute la responsabilité des mesures impopulaires prises (la retraite à 67 ans, l'augmentation de la TVA de 16% à 19%, le resserrement des règlements d'allocations-chômage) majoritairement au SPD. Et c'est là, où est notre problème. Le parti de la CDU/CSU tente de vendre ses salades en se présentant comme la voix de la modernité et du renouveau du pays tandis que le SPD est accusé de céder aux revendications de la droite. Croyez-le-moi, la collaboration entre le SPD et la CDU/CSU n'est pas facile. Et le fait qu'il y a des divergences idéologiques non négligeables entre les deux partis ne facilite pas les choses (p. ex. politique familiale, discussion autour du salaire parentale « Elterngeld », stratégies dans la lutte contre l'extrême-droite).

    Au SPD, il ne lui faut pas forcément une redéfinition de son profil social, mais il faut absolument qu'il trouve une réponse aux questions suivantes: Comment arriverons-nous à mieux communiquer nos propositions au public ? Comment pouvons-nous nous faire mieux entendre en concurrence avec les partis de la droite et de l'extrême gauche qui se servent davantage de nos domaines politiques traditionnels ? Il y a une partie non négligeable des militants SPD et de notre électorat qui est déçue par notre politique et qui, en conséquence, prennent de plus en plus de distance avec les sociaux-démocrates.

    C'est principalement le parti de l'extrême gauche DIE LINKE qui tente davantage de se présenter comme une vraie alternative au SPD. Le parti DIE LINKE et son président, l'ancien social-démocrate Oskar Lafontaine, essaient de faire croire aux gens que le SPD serait un « cheval de Troie », qui, à cotés de la CDU/CSU, mènerait une politique anti-sociale et anti-pacifiste. Les propositions faites par DIE LINKE sont irréalistes car, tout simplement, trop chères. Pour vous donner un exemple : Si on adopte les propositions faites par l'extrême gauche, on devrait augmenter le budget public de 150 milliards d'euros par un. Mais d'où les prendre ? Notre budget annuel ne se limite qu'à 260 milliards d'euros. Et même DIE LINKE n'y a pas encore trouvé une réponse. En même temps, je crois que le SPD doit prendre la critique très au sérieux. Une partie de notre électorat se sent perdue ou même trahi. Il faut absolument que le SPD se penche sur ces critiques, écouter encore plus les gens sur place afin de connaître les soucis des gens, et afin de ne pas s'éloigner de ses principes sociaux. Nous voulons garder notre système social, mais il faut trouver de nouvelles « recettes ». Nous ne pouvons pas fermer les yeux devant les impacts de la mondialisation. Il est important de sauver la structure solidaire entre les riches et les pauvres, entre les vieux et les jeunes de notre société.

    Je suis sûre que les problèmes abordés ne sont pas exclusifs au SPD. Dans nos pays d'origine, nous avons tous des défis particuliers à relever, j'en suis bien consciente. Je crois que les challenges, auxquels nous faisons face, se ressemblent d'une certaine manière. Pourquoi ne partageons-nous pas davantage nos expériences et nos propositions dans la mesure du possible et du souhaitable ? D'une telle manière, nous pourrions faire d'une pierre deux coups : faire évoluer des idées dans le sens de nos valeurs et resserrer les liens entre nos partis afin de redonner une voix forte à la gauche européenne. Et en conséquence, je plaide pour la mise en place d'une vraie instance de communication entre nos partis.

    Je suis persuadée que des initiatives telles que la déclaration commune du SPD allemand et du PS français sur l'avenir de l'Europe, présentée en mai 2007, vont dans le bon sens. Nous tous aspirons à une Europe sociale et forte, à une puissance pacifique et efficace qui s'engage dans l'organisation sociale et écologique de la mondialisation, de l'organisation juste des relations commerciales internationale et de la lutte contre la pauvreté. Je me suis donc posée la question pourquoi nous ne concrétisons pas davantage d'initiatives et de projets communs ? Il nous faut beaucoup plus de groupes de travail bi- et multilatéraux, par exemple dans le domaine de la politique industrielle et économique.

    Permettez- moi de conclure en insistant sur ces éléments : D'une part, les partis socialistes et sociaux-démocrates en Europe se voient confrontés aux problèmes particuliers à leur pays, comme vous l'avez vu dans mon exposé sur la situation actuelle du SPD. D'autre part, nous sommes tous à la recherche des réponses à des problèmes pareils. A l'avenir, il faut faire avancer ENSEMBLE non seulement les partis socialistes et sociaux-démocrates d'Europe, mais aussi le processus d'intégration européenne. Je suis tout à fait consciente de la responsabilité que nous tous portons pour nos partis ET pour l'Europe. Je sais que c'est un challenge énorme, mais moi, je veux bien la relever avec vous !

    Merci.