Monika Griefahn, Mitglied des Deutschen Bundestages a. D.

11.09.2002

Claude Martin: Discours pour la décoration de Monika Griefahn Présidente de la Commission des Affaires culturelles du Parlement fédéral

le 11 septembre 2002 à 20 heures, Résidence de l'Ambassadeur


Madame la Présidente, Chère Monika Griefahn,

C'est pour moi à la fois un grand honneur et un grand plaisir de vous recevoir ce soir, vous et vos amis, dans cette résidence de France que vous connaissez bien.

C'est à la fois une femme de conviction et une amoureuse de la France que je vais décorer. Une femme de conviction, car votre engagement, bien connu dans le domaine politique, au sein du Parti social démocrate, est tout aussi fervent en faveur de l'environnement, cause à laquelle vous vous êtes dès le début de votre carrière identifiée.

Vos activités au sein de Green Peace-Allemagne à Hambourg, puis comme première femme au comité directeur, ont incontestablement marqué à la fois votre parcours et votre tempérament. Vous êtes demeurée une passionnée.

Comme Ministre de l'Environnement du Land de Basse-Saxe de 1990 à 1998, vous n'avez pas hésité à prendre des positions que les dirigeants de votre Parti ne partageaient pas nécessairement. Cette préoccupation environnementale ne vous a plus quittée et, récemment encore, vous avez animé à l'Expo-2000 de Hanovre un séminaire de parlementaires français et allemands de différentes origines sur le thème des énergies renouvelables. Vous avez été, avec d'autres parlementaires, à l'origine de la création d'un groupe de travail sur les conséquences de la mondialisation, non seulement dans le domaine social et économique, mais aussi environnemental.

Mais ce soir, c'est d'abord et avant tou l'amie de la France que nous tenons à honorer. A chaque étape de votre vie, la relation avec la France a été présente alors même que la région d'où vous venez a fait partie du Royaume d'Angleterre et serait, c'est ce que l'on dit, traditionnellement plu sensible à l'influence anglo-saxonne. Vous êtes un contre-exemple vivant de ce poncif.

Dès votre plus jeune âge, à 18 ans, vous avez participé à un stage franco-allemand organisé à la rédaction du Suddeutsche Zeitung sur le thème "manipulations et malaises" - tout un programme ! - au cours duquel vous deviez comparer les dépêches AFP et DPA sur un même sujet.

Un an plus tard, déjà conquise par l'amitié franco-allemande, vous avez suivi une formation à l'Office franco-allemand pour la Jeunesse et organisé des rencontres de jeunes salariés français et allemands de tous horizons afin de leur montrer combien ils étaient proches, en dépit des différences linguistiques. Cette fibre franco-allemande ne vous a plus quittée. Même votre engagement religieux a été teinté de cette ardeur. L'Association de Jeunes Chrétiens dont vous avait fait partie s'en souvient encore.

Etudiante, vous n'avez cessé de voyager en France de la Bretagne à Grenoble et Lyon, en passant par l'Auvergne, Paris et la Provence où vous vous êtes enthousiasmée pour la culture française, notamment le cinéma, à travers les films de Simone Signoret, en n'oubliant jamais les plaisirs de la vie... je veux dire la cuisine française.... plus précisément certains de ces desserts. Cette passion pour le film français n'a pas été sans incidence sur votre plaidoyer remarqué et apprécié en faveur de la diversité culturelle. Dans ce débat, vous vous êtes inspirée - vous n'hésitez pas à le dire - du système français d'aide à la création cinématographique.

Plus récemment, votre parcours politique a été un bienfait pour la relation franco-allemande qui, pour vous, est devenue autant une affaire de coeur que de raison. C'est avec une grande émotion que vous relatez une rencontre organisée en 2001 par les maires de deux petites communes, Canteleu en France, et Buchholz, en Basse-Saxe, au cours de laquelle leurs deux choeurs ont interprété des chansons françaises et allemandes. Au-delà de l'événement lui-même, qui vous a bouleversée, car vous songiez à ce moment-là au passé sanglant des deux pays, cette rencontre illustrait ce en quoi vous avez toujours cru et croyez : la relation franco-allemande se vit d'abord et essentiellement au niveau des citoyens. C'est la raison pour laquelle vous croyez fortement en la vertu des jumelages entre villes et régions.

Dans vos fonctions de Présidente de la Commission des Affaires culturelles et audiovisuelles du Parlement et comme vice-présidente du groupe d'amitié parlementaire franco-allemand, vous avez toujours été inspirée par ce désir de rapprocher nos deux pays, nos deux peuples et nos deux civilisations.

C'est ainsi que dans des domaines aussi variés que le soutien à la production cinématographique, le droit des fondations, l'échange des biens culturels à l'époque de la mondialisation, votre préoccupation première a été de rapprocher systématiquement les positions françaises et allemandes.

Permettez-moi de vous dire, chère Monika Griefahn, combien notre pays a apprécié votre concours. Vous avez toujours répondu présent lorsqu'il s'est agi de favoriser un rapprochement franco-allemand. Ainsi l'année dernière, vous avez accepté l'invitation du Ministre français des Affaires étrangères à venir débattre à Paris, aux côtés d'homologues européens, de la mondialisation et de ses incidences sur la diversité culturelle.

Toutes ces raisons justifient le choix que la République française a fait ce soir.

Au nom du Président de la République et des pouvoirs qui me sont conférés, je vous remets les insignes dans l'ordre de Chevalier de la Légion d'Honneur.